quelle louange ?
« Quid agendum ? » Que dois-je faire ? Question fondamentale pour Ignace quand il regarde Jésus et désire répondre à son amour. La réponse n'est pas seulement dans les bonnes actions, mais dans l'intention intérieure qui est le moteur même de ces actions. Ignace évoque souvent le risque de la vanité, de la « vaine gloire », péché de l'homme d'action à qui tout réussit. Attention à l'illusion, alors : c'est l'effet de la chance, dit-il ! Ignace veut dire ici que le résultat de nos actions doit être considéré d'un autre regard que la simple efficacité matérielle. Comme toujours, Ignace est rempli d'un réalisme spirituel qui lui fait désirer un chemin plus difficile, certes, mais plus authentique. Celui de la vertu, c'est-à-dire de la dynamique interne où la main de Dieu se fait sentir, comme on le voit sur cette peinture. La vertu consiste à laisser Dieu agir à travers notre vie, à être habité par sa présence. Pour comprendre ce qu'est la vertu pour Ignace, il suffit de se rappeler la prière qu'il donne dans les Exercices spirituels, au début de chaque temps d'oraison : « Que ta grâce, Seigneur, vienne en mon coeur, pour que toutes mes actions, toutes mes intentions, toutes mes opérations, soient purement ordonnées au service et à la louange de ta sainte volonté » (en termes plus modernes, on pourrait dire : Seigneur, je me mets entièrement à ta disposition pour que ce soit toi qui me fasse réussir ma vie !).
On notera sur cette peinture, sans doute la plus naïve de la série, une belle allusion à la spiritualité de G. Rouault : le « premier de la classe », qu'on applaudit, porte le chapeau pointu du clown blanc, et la culotte de l'Auguste : il n'est qu'un clown, entre les mains de ceux qui le portent en triomphe !
FRANCIOSI, p. 74, n. 14